Comment calculer l’impact environnemental de votre programme CRM ?

20 octobre

L’impact environnemental de nos actions est un sujet fondamental, trop souvent négligé dans le cadre de nos actions de marketing. Aujourd’hui, comment vivre, penser, travailler, sans prendre en compte notre impact environnemental, personnel ou professionnel ?

Je me pose souvent la question du rôle que nous pouvons jouer, nous marketeurs et marketeuses, dans cette prise de conscience écologique, et si nous pourrions, à notre manière, modifier nos pratiques pour les rendre plus respectueuses de l’environnement. Et comme je n’aime pas les questions laissées sans réponse, j’ai fait quelques recherches sur le sujet.

D’où vient le coût carbone d’un programme CRM ?

L’impact carbone d’un programme CRM n’est pas neutre et son poids est défini par la somme du poids de chacun des canaux qui sont activés.

Plutôt logique.

Maintenant, examinons à quoi est dû le coût carbone d’un e-mail par exemple.

  1. Quand vous envoyez un email, ce dernier est stocké, ainsi que les images qui le composent sur un serveur de votre ESP qui le transmet au réseau.
  2. De plus, par mesure de précaution en cas de problème technique sur ce serveur, il est souvent sauvegardé à plusieurs endroits.
  3. Il est ensuite réceptionné par le data center du fournisseur d’accès des destinataires, qui le réceptionne, le stocke à son tour.
  4. Le destinataire reçoit enfin le message.

Les data centers sont de gros consommateurs d’énergie, notamment pour refroidir les machines qui les composent.

Ce sont donc les infrastructures nécessaires à l’envoi et à la réception des e-mails qui sont à l’origine de ces dépenses carbones conséquentes.

Quel est l’impact environnemental d’un e-mail ?

Le poids carbone d’un e-mail varie en fonction de plusieurs facteurs :

  • Le poids des pièces jointes
  • Son temps de stockage sur un serveur
  • Le nombre de destinataires

Les pièces jointes

Prenons un exemple. Un email composé de texte uniquement a un poids moyen de 5g carbone. Il peut aller jusqu’à 50g carbone pour un email avec une pièce jointe de 1Mo.

L’ADEME (Agence de la transition écologique) a défini un chiffre moyen de 10g carbone par e-mail envoyé, qui pourra vous servir de base si vous souhaitez mesurer l’empreinte carbone de votre programme CRM.

Le nombre de destinataires

Le nombre de destinataires est donc le second facteur qui pourra influencer le coût carbone d’un e-mail.

Toujours selon l’ADEME, multiplier par 10 le nombre des destinataires d’un e-mail multiplie par 4 son impact carbone.

Le temps de stockage

Enfin, le temps de stockage d’un e-mail est le dernier facteur. Plus un e-mail sera conservé longtemps dans la boîte de ses destinataires, plus son impact environnemental augmentera.

Imaginez cette donnée, multipliée par le nombre de destinataires de vos campagnes CRM !

L’impact environnemental d’une stratégie marketing multicanal

En effet, si l’email reste le canal le plus exploité par les programmes CRM, les autres canaux marketing ont eux aussi une empreinte carbone.

J’ai regroupé quelques informations qui pourront vous aider à mesurer l’impact carbone de vos autres canaux.

Le print

L’envoi de catalogue et de flyers en papier reste l’un des canaux marketing couramment utilisés en France, notamment dans les secteurs comme la mode, l’ameublement ou encore la banque et l’assurance.

Les deux facteurs qui influencent le plus le coût carbone de ces envois sont le poids de l’envoi et la distance parcourue par votre envoi.

Par exemple, l’envoi d’un catalogue en lettre verte de 100 grammes de Paris à Marseille pèsera 23,3 grammes de CO2.

Et cela ne comprend bien sûr pas le coût carbone nécessaire à la création et l’impression de votre catalogue, ainsi que les ressources non renouvelables consommées pour sa production, notamment le papier.

Le SMS

Le SMS semble être un canal plus écologique.

Mike Berners-Lee, chercheur et accessoirement frère de Tim Berners-Lee, inventeur d’Internet et auteur d’un ouvrage sur l’empreinte environnementale des produits de la vie quotidienne, évalue l’empreinte carbone d’un SMS à 0,014 gramme de carbone.

D’autres chiffres publiés par Vodafone au sujet de la consommation électrique nécessaire au transport des SMS en 2009, convertie en émission de CO2, attribuent à chaque SMS une émission de 0,00215 g de CO2.

Difficile de savoir sur quel chiffre s’appuyer, mais dans les deux cas, cette valeur reste faible, comparée aux 10 grammes carbone estimés pour l’envoi d’un e-mail.

Par précaution, si vous souhaitez calculer le coût carbone de votre programme CRM, je vous recommanderais l’approche pessimiste de Mike Berners-Lee de 0,014 g carbone.

Il est intéressant de noter qu’à ce stade, on observe déjà que le coût carbone et le coût économique de l’envoi d’un message ne suivent pas la même évolution.

Ainsi, l’e-mail que l’on considère parfois comme un canal “gratuit” est en réalité un canal cher en carbone, alors que le SMS “payant” a pour sa part un coût carbone beaucoup plus léger.

Les notifications push

Un canal qui prend de plus en plus d’importance dans les stratégies CRM de marketing multicanal : les notifications push.

Malheureusement, je n’ai pas trouvé de sources sur le sujet.

À l’instar des SMS, et à défaut de données plus précises, il me semble raisonnable pour ceux d’entre vous qui souhaitent évaluer leur impact carbone de considérer qu’un push constitué de texte uniquement a un poids carbone relativement proche de celui d’un SMS.

Le calcul de l’impact environnemental de votre CRM

Riches de toutes ces données, vous pouvez maintenant aborder le calcul du coût carbone global de vos programmes CRM, par canal et dans le temps.

C’est plutôt simple, il vous suffira de multiplier vos volumes de diffusion par le coût carbone estimé par canal, et ce pour chacun de vos envois.

Mauvaise nouvelle : si tout va bien pour votre entreprise, votre coût carbone ne devrait a priori faire qu’augmenter…

Quitte à ne pas mettre en place des mesures immédiates pour optimiser le coût de vos envois, je pense que cette donnée est aujourd’hui essentielle et devrait être diffusée en interne auprès des entreprises, pour sensibiliser les équipes à l’impact de leur travail.

Le coût environnemental des canaux numériques est trop souvent une donnée que l’on ignore, un peu volontairement, et une prise de conscience à nos niveaux de marketeurs pourrait changer la donne.

Pourquoi ne pas créer à terme un index de la performance écologique des programmes CRM des entreprises, au même titre par exemple qu’une vignette a été créée pour catégoriser les voitures en fonction de leurs émissions ?

Une chose est sûre, ce sujet me passionne et je continuerai de vous partager régulièrement mes trouvailles au sujet de l’impact environnemental des programmes CRM.